Un train vers le Nord - épisode 1 : De Paris à Hambourg, premiers pas vers l’hiver arctique
Train de nuit, surprises en route et premières découvertes
Cette lettre est le premier épisode du journal de bord que j’ai tenu lors de mon périple en train jusqu’en Laponie Suédoise. Tu peux lire aussi l’épisode 2 et bientôt l’épisode 3 !
Tout commence un matin de janvier, sous le ciel pâle de Paris. La gare de l’Est bourdonne d’activité, et je ressens ce frisson d’excitation qui précède un long voyage. Ce voyage, je l’ai attendu plus d’un an. Douze mois à imaginer l’itinéraire, à en parler autour de moi, à faire et refaire mes réservations, à douter de mes choix… et maintenant, il est là, à portée de main.
Il faut dire que je ne me considère pas comme une grande aventurière. Oh bien sûr, j’ai déjà beaucoup voyagé pour mon âge, mais jamais bien loin. Jamais en prenant autant de “risques”.
Quand j’ai commencé à parler de mon envie d’aller en Laponie en train, beaucoup m’ont demandé si c’était un choix écologique.
Je ne vais pas mentir : bien sûr que cela entre en compte. D’autant plus pour une destination où le réchauffement climatique se fait cruellement sentir. Mais ce n’a jamais été la raison principale.
Depuis que j’ai terminé mes études, j’ai envie d’un grand voyage.
Au départ, j’imaginais un road trip en Asie, une aventure dans l’esprit de ce que font tant de jeunes diplômés. J’ai été sérieuse pendant mes études, passant mon année de césure à enchaîner les stages au lieu de m’évader à l’autre bout du monde. Alors, inconsciemment, j’ai cru que je devais rattraper le temps perdu.
Mais ce n’est pas moi.
Depuis l’enfance, le Grand Nord me fascine. Ce n’est pas un hasard si j’ai choisi le Danemark pour mon Erasmus. Bercée par À la croisée des mondes, j’ai toujours rêvé de fouler des étendues enneigées et de voir danser les aurores boréales.
C’était ça, l’aventure que je voulais.
Alors, pour mes 30 ans, j’ai décidé de réaliser un rêve : traverser l’Europe en train pour aller en Laponie. Rien de tel pour contempler des paysages féeriques, carnet en main, et s’imaginer dans un roman. Il faut dire que ce n’est pas les histoires qui manquent à bord de trains mythiques ! Et puis, de façon plus pragmatique, dormir dans les trains de nuits permet aussi d’économiser des nuits d’hôtel…
Le voyage commence avec un premier train flambant neuf. Je découvre qu’il s’agit du train qui fait la nouvelle liaison directe entre Paris et Berlin. Pas question d’aller si loin, bien sûr—nous descendons à Karlsruhe, juste le temps de croquer dans un bretzel avant d’enchaîner les correspondances.


Les compartiments sont vivants, peuplés d’un joyeux brassage de voyageurs. D’abord, des professionnels en déplacement, dont un groupe qui travaille dans une célèbre radio française et livre les potins du secteur. L’un d’entre eux, parle de Nova avec un certain détachement amusé. Puis, à Strasbourg, elles cèdent leur place à un groupe de retraités. De toute évidence, ces longs trajets en train sont un luxe à ceux qui ont le temps - ou qui le prenne.
Tout se passe sans encombre jusqu’à Hambourg… où une annonce chamboule nos plans. Notre train ne s’arrêtera pas à la gare principale, mais deux stations plus tôt. Nous finissons donc le trajet en métro, découvrant une Hambourg grise et pluvieuse, hérissée de grues et de chantiers. Difficile, sur le moment, de voir ce que la ville peut avoir de charmant.
L’hôtel, avec son ambiance simple et fonctionnelle, me rappelle un précédent voyage à Amsterdam. À peine installés, nous brisons la nuit tombante pour explorer le centre historique. À travers le brouillard épais, les façades éclairées surgissent comme des fantômes du passé.
Le dîner nous attend à 20h, mais affamés et calés sur l’horaire des locaux, nous poussons la porte du restaurant dès 19h30. Quatre plats réconfortants plus tard, nous reprenons le chemin de l’hôtel, croisant en route une église d’où s’échappent des notes de musique. Curieux, nous nous arrêtons. L’intérieur résonne d’une musique festive qui conviendrait mieux à une salle des fêtes qu’à un lieu sacré.
Le lendemain, après un solide petit déjeuner, nous partons explorer la ville. Premier arrêt, l’église St Michel de Hambourg. Avec son clocher qui s'élève à 132 mètres au-dessus du sol, difficile de passer à côté ! L’intérieur est également charmant, et assez éloigné de ce que j’imaginais pour une église luthérienne.







Nous continuons notre découverte de la ville avec le quartier des compositeurs, où Brahms, Telemann et les Mendelssohn ont vécu. Les maisons préservées ont du charme, mais nous préférons poursuivre notre balade. Le froid est piquant et les allées gelées du parc de Gosse Wallanlagen étincellent sous le soleil timide. Quelques coureurs courageux bravent les températures hivernales, glissant presque sur le givre.





Nous plongeons ensuite dans l’effervescence de Sankt Pauli, quartier bigarré où coexistent bars animés, clubs et histoire musicale. Ici, les Beatles ont fait leurs premières armes, et une place leur est dédiée. Les rues résonnent des chants des supporters de football échauffant leur voix avant un match, tandis que de l’autre côté du quartier, des concept-stores et cafés branchés témoignent de la gentrification en cours.
Le ventre creusé, nous optons pour un restaurant turc réputé. En Allemagne, manger local, c’est aussi déguster une bonne brochette de viande grillée.
Puis direction les docks en longeant les canaux qui donnent à la ville un petit air d’Amsterdam, en un peu moins mignon, il faut le dire ! Néanmoins, leur style architectural en briques rouges est d’une unité remarquable et c’est un plaisir de se balader au milieu d’eux.
Nos pas nous mènent jusqu’à la Philharmonie de l’Elbe, chef-d’œuvre architectural qui a coûté quatre fois plus que prévu et accusé des années de retard. Derrière le voile de brouillard, l’édifice semble flotter sur l’eau. Pour l’admirer au chaud, nous empruntons le plus long escalator du monde, débouchant sur une terrasse panoramique où nous savourons une part de gâteau et un jus de fruits chaud.


L’après-midi file trop vite. Nous devions visiter le musée des entrepôts, mais le temps nous échappe. À la place, nous découvrons le musée des prototypes automobiles, où une galerie d’engins élégants et insolites retrace les innovations du siècle dernier. Mention spéciale à Otto Mathé, pilote et inventeur autodidacte, dont l’audace technique force l’admiration.
La nuit tombe, et notre train de nuit approche. Pour patienter, nous nous réfugions dans un beergarden munichois, où je trinque avec une pinte de bière sans alcool, accompagnée d’une saucisse viennoise et d’une salade de pommes de terre. L’ambiance est chaleureuse, mais l’excitation monte à l’idée du voyage qui nous attend.
Puis vient enfin l’embarquement. Une bonne surprise nous attend lorsque nous rejoignons notre compartiment : la cabine pour trois se révèle être une cabine pour nous deux, équipée d’un petit lavabo et de lits déjà prêts. Le contrôleur nous annonce même qu’un petit déjeuner est inclus dans notre billet. Il ne nous reste plus qu’à nous glisser sous la couette et nous laisser bercer jusqu’à Stockholm.
Petites infos pour briller en société :
Hambourg a été particulièrement bombardée pendant la Seconde Guerre mondiale, d’où le manque de bâtiments d’époque.
La ville compte environ 2500 ponts, soit plus que Venise, Londres et Amsterdam réunis !
Mes bonnes adresses :
🏠 Hôtel : Villa Viva Hambourg - Schultzweg 4, Hambourg
🍴Restaurant :Brook - Bei den Mühren 91, Hambourg
⛪️ Eglise St Michel - Engl. Planke 1, Hambourg
🎼 Komponistenquartier - Peterstraße 29-39, 20355 Hambourg
🎸 Beatles Platz, Hambourg
🍢 Restaurant : Lokman - Susannenstraße 16 Ecke, Hambourg
Les docks : Speicherstadt et Hafencity
🎻 Elbphilharmonie - Platz d. Deutschen Einheit 4, Hambourg
🏎️ Automuseum Prototyp - Shanghaiallee 7, Hambourg
Je suis tellement contente de découvrir ce premier épisode de ton voyage vers la Laponie. J’adore voyager en train, mais je vais toujours d’un point A à un point B, sans vraiment m’attarder dans les villes traversées. Du coup, ton voyage étape par étape me fait rêver. Hambourg était brièvement sur ma liste de villes à visiter, sans plus, mais ton article a titillé ma curiosité !
Très très sympa ton premier épisode. Et tes photos sont vraiment stylées 👌🏽.