Un train vers le Grand Nord - épisode 2 : Escale à Stockholm, entre quartiers bohèmes et découvertes artistiques
Deux jours dans la capitale suédoise entre cafés cosy, musées inspirants et gourmandises nordiques
Cette lettre est le premier épisode du journal de bord que j’ai tenu lors de mon périple en train jusqu’en Laponie Suédoise. Si tu es nouveau ici, je t’encourage à commencer par l’épisode 1.
Après une nuit bercée par le roulis du train, nous ouvrons les yeux sur un paysage hivernal. La lumière pâle du matin se faufile à travers les rideaux de notre compartiment. Un solide petit déjeuner nous attend au wagon-bar, appelé ici le “bistro”, à base d’œufs dur, crudité, pain noir et beurre. Et le tout bio, s’il vous plait !
Nous arrivons enfin à Stockholm, avec un retard prévu de plusieurs heures en raison de travaux sur la ligne. Loin de nous frustrer, cette attente nous a offert un réveil plus doux, sans précipitation.
À midi passé, nous posons enfin le pied sur le quai glacé de la gare centrale. Premier réflexe : déposer nos bagages à l’hôtel niché dans un coin tranquille de Södermalm. L’endroit respire le charme scandinave avec son ambiance feutrée et son décor sobrement élégant. Juste le temps d’un rapide rafraîchissement, et nous voilà repartis pour notre première immersion dans la capitale suédoise.
Direction Gamla Stan, le cœur historique de la ville, ce quartier aux ruelles pavées et aux façades colorées que l’on retrouve sur toutes les cartes postales. Nous nous y perdons avec plaisir, arpentant les boutiques de souvenirs, admirant les vitrines débordantes de pulls en laine, de figurines de chevaux de Dalécarlie et de friandises locales. Non loin de là, nous faisons un détour devant le Palais Royal. L’intérieur semble prometteur, mais nous décidons de remettre cette visite à plus tard, lorsque nous repasserons par Stockholm dans quelques jours.




Le froid commence à piquer et nous offre une parfaite excuse pour une pause fika, ce rituel suédois qui consiste à s’arrêter pour un café et une douceur. Installés dans l’une des plus vieilles pâtisseries de la ville, nous commandons deux chocolats chauds et un kanelbulle à la cannelle. Premier d’une longue série, sans doute, mais la première bouchée suffit à nous convaincre : nous sommes bien en Suède.


Le temps file et la lumière décline. Nous embarquons sur un petit ferry en direction de Djurgården, l’île des musées. Le timing est parfait : le soleil couchant embrase le ciel et se reflète sur l’eau, offrant un spectacle digne d’une toile impressionniste. Depuis le bateau, nous apercevons Tivoli, un parc d’attractions dont le nom rappelle son homologue de Copenhague. L’endroit semble figé dans le temps, ses manèges silencieux sous le ciel hivernal.
Nous débarquons et filons directement au musée ABBA. Je dois avouer que mes connaissances sur le groupe étaient limitées avant cette visite, et je suis surprise d’apprendre qu’avant même de fonder ABBA, chacun des membres était déjà une célébrité en Suède. Je découvre aussi qu’ils formaient deux couples—détail qui donne une tout autre dimension à leurs chansons. L’exposition est immersive et ludique, et nous nous amusons à fredonner quelques tubes en parcourant les salles interactives.


Retour à l’hôtel après cette première journée bien remplie. Une douche chaude plus tard, la fatigue commence à se faire sentir. Nous n’avons pas le courage de traverser la ville pour le dîner. À la place, nous trouvons un petit café de quartier au décor décalé, manifestement dédié aux Rolling Stones. L’ambiance y est chaleureuse, et nos plats simples mais réconfortants : une quiche épinards-feta pour moi, un sandwich poulet tikka pour JB.
Le lendemain, nous nous réveillons avec un programme tout trouvé : explorer Södermalm, ce quartier autrefois ouvrier, désormais haut lieu de la créativité suédoise. Surnommé le quartier "chic & choc" par notre guide, il est devenu le repaire des étudiants, artistes et esprits bohèmes. Ici, les librairies indépendantes regorgent de trésors littéraires, les magasins de seconde main débordent de trouvailles vintage, et les petites boutiques rivalisent d’originalité. Sous un ciel voilé mais lumineux, nous arpentons les rues à la découverte de cafés cosy et d’échoppes indépendantes, savourant l’atmosphère effervescente du quartier.


À midi, nous nous arrêtons chez Meatballs for the People, un restaurant spécialisé dans les boulettes de viande, emblème culinaire de la Suède. Je choisis l’assiette du chef, qui me permet de goûter un assortiment de boulettes : porc, bœuf, poulet et même renne. JB opte pour un mélange plus classique, associant porc et bœuf. Les assiettes, généreuses, sont servies avec la traditionnelle sauce brune, des pommes de terre et une touche d’airelles. Un délice. Pour compléter le repas, nous nous laissons tenter par un petit verre de glögg, ce vin chaud épicé servi avec des amandes et des raisins secs, parfait pour se réchauffer.
À la sortie du restaurant, l’ambiance a changé. Le brouillard est tombé sur la ville, enveloppant Stockholm d’un voile laiteux qui nous dissuade de prolonger la balade. Nous décidons de nous réfugier au musée de la photographie, Fotografiska. La première exposition, consacrée à l’espace, capte immédiatement mon attention, et je ressens même un coup de cœur pour l’une des photos. Mais plus nous avançons, plus mon intérêt s’émousse : une rétrospective d’un photographe de rue m’interpelle par son esthétique singulière, que je pourrais résumer ainsi : comment rendre tout le monde moche en photo… Lui-même admet que ses sujets n’aiment généralement pas être pris en photo, et en voyant ses clichés, on comprend pourquoi ! La troisième exposition, signée par une artiste franco-congolaise autour de l’ethno-futurisme, me laisse assez indifférente. Quant à la dernière, consacrée aux accouchements, disons simplement que j’aurais dû rester dans l’espace !


Nous profitons d’un goûter dans le café panoramique du musée, admirant la vue sur la baie avant de récupérer nos bagages à l’hôtel. JB s’arrête en chemin pour acheter un Semla, un gâteau du carnaval qu’il avait repéré la veille. La première bouchée révèle une texture aérienne, entre la tropézienne et la brioche, parfumée à l’amande et à la cardamome.
À la gare, nous choisissons nos casse-croûtes dans une boulangerie nommée « Gâteau », qui, comme son nom l’indique, joue à fond la carte française. Serions-nous clichés ? Peut-être, mais après un rapide benchmark des options disponibles, c’était clairement la meilleure offre.
En montant à bord du train de nuit pour Abisko, une surprise nous attend : cette fois, notre compartiment est un véritable espace à trois couchettes, et nous avons une voisine suédoise d’un certain âge. L’ambiance est moins moderne que dans notre précédent train, mais l’essentiel reste de voir si nous y dormirons aussi bien !
Premières impressions en Suède :
Mon cerveau hésite entre le danois et le suédois. « Undskyld » me vient plus naturellement que « Förlåt » pour dire pardon, et je confonds encore « frokost » et « frukost » pour le petit déjeuner. Par contre, « takk » et « tack » se ressemblent suffisamment pour éviter toute erreur fatale !
Les fameuses maisons rouges en bois sont partout, témoins d’une tradition architecturale ancrée dans l’histoire. À l’origine, la peinture de Falun (les pigments sont fabriqués à partir des scories de la mine de cuivre de Falun) servait à protéger le bois contre les mousses et les insecte xylophages. Cette couleur rouge foncé ressemblait également aux façades en briques des maisons aristocratiques européennes, ajoutant une note de prestige aux maisons d'été suédoises et aux maisons de campagne lorsque la peinture rouge s'est répandue au 19e siècle.
Tous les enfants portent des combinaisons de ski pour jouer dans la cour de récréation.
On me parle spontanément en suédois, je dois avoir l’air d’une locale… ou du moins d’une touriste nordique !
Mes bonnes adresses :
🏠 Hellsten Malmgard - Brännkyrkagatan 110, Stockholm
☕ Sundbergs Konditori - Järntorget 83, Stockholm
🪩 Abba Museum - Djurgårdsvägen 68, Stockholm
🍴Meatballs for the People - Nytorgsgatan 30, Stockholm
📷 Fotografiska - Stadsgårdshamnen 22, Stockholm
J’avais tellement aimé Copenhague l’année dernière que je me disais qu’un petit séjour dans une autre capitale scandinave cette année pourrait être une belle idée. Stockholm est en haut de la liste ! Les paysages seront sans doute très différents, car je pense plutôt y aller en juin. En tout cas, ce petit aperçu me donne encore plus envie :)